Abergel

Frédéric Abergel, professeur de mathématiques à l’Ecole Centrale Paris, et membre du comité d’organisation du Market microstructure: confronting many viewpoints, présente cet événement et les enjeux de la microstructure de marché.

Du 8 au 11 décembre prochains, se tiendra le 3em forum sur la microstructure de marché, intitulé « Market microstructure: confronting many viewpoints ». Qu’attendez-vous de cette nouvelle édition?
Les attentes sont doubles. Le forum vise d’une part à faire le point sur les productions scientifiques en matière de microstructure de marché, avec la particularité de confronter les points de vue des économistes, mathématiciens et chercheur en informatique. D’autre part, il permet d’échanger avec les professionnels sur leurs expériences des marchés et du trading.

Quels seront les principaux thèmes abordés?
Plusieurs sujets sont au cœur des préoccupations des académiques, comme des professionnels. La modélisation de l’impact de marché par exemple. Il s’agit de déterminer les conséquences de l’exécution d’un ordre de taille importante sur les prix. Nous savons qu’une transaction de taille importante génère une hausse du prix. Les recherches portent aujourd’hui sur ce qu’on appelle « l’impact directionnel », à savoir des signaux, préalables à la hausse, que les traders haute fréquence peuvent détecter et utiliser à leurs profits. De façon plus générale, les travaux sur l’exécution optimale, qui cherchent à réduire les coûts liés à l’exécution d’un ordre, seront au cœur des échanges.

Les marchés sont désormais massivement électroniques ce qui a modifié leur fonctionnement…
Effectivement. L’aspect technologique a ainsi mis en lumière la problématique de la latence des investisseurs, à savoir le temps nécessaire pour faire parvenir un ordre au marché. Plus la latence est faible, plus l’exécution est rapide. Certaines compagnies se sont spécialisées dans l’envoi de signaux extrêmement rapides (de l’ordre de la microseconde). Les opérateurs, dotés d’un accès à de telles ressources, disposent d’un avantage certain. Il peut s’agir de traders haute fréquence, mais aussi de traders basse fréquence qui n’utilisent ces technologies que de façon ponctuelle, comme lors de la publication d’un indicateur économique par exemple.

La microstructure de marché est une thématique de recherche assez jeune. A-t-elle beaucoup évolué ces dernières années ?
La privatisation des places boursières et l’apparition du trading haute fréquence ont fortement modifié les comportements sur les marchés depuis 2008. Les stratégies des acteurs ont évolué, et la compétition est devenue féroce. Les modèles développés au début des années 2000 sont devenus obsolètes. D’où un regain d’intérêt des chercheurs pour ces sujets.