Alors que la création de l’union des marchés de capitaux constitue une volonté de la Commission européenne, des acteurs du secteur bancaire ont réaffirmé le besoin de finaliser ce dispositif paneuropéen, le 11 juillet, au cours de l’International Financial Forum, organisé par Paris Europlace.

En dépit des lenteurs du projet de création de l’union des marchés de capitaux (UMC) en Europe, un certain consensus émerge en faveur de ce futur cadre européen, comme l’a rappelé le Premier ministre Edouard Philippe, le 11 juillet, dans son discours prononcé lors d’un dîner organisé à l’occasion du forum financier de Paris Europlace : « Le président de la République et la Chancelière allemande ont placé l’approfondissement de l’union bancaire et de l’union des marchés de capitaux au cœur des priorités de la feuille de route franco-allemande pour la zone euro. »

Les banques souhaitent l’UMC rapidement

Un peu plus tôt dans la journée, une table ronde réunissant des professionnels de la finance a été consacrée à l’UMC. : « Il faut accroître le marché des capitaux en Europe en allant plus loin avec un meilleur système de titrisation. L’argent est nécessaire pour encourager le marché des capitaux et il y en a avec l’assurance-vie, mais cette épargne devrait être davantage orientée vers le financement de l’économie et les actions d’entreprises plutôt que vers l’immobilier. Je suis optimiste sur l’Europe, mais nous avons besoin de plus de soutien politique », a déclaré le président du Conseil d’administration de BNP Parisbas, Jean Lemierre.

Pour son homologue britannique du groupe HSBC, Mark Tucker : « L’UMC a vocation à financer les entreprises européennes. Il y aura des changements avec le Brexit et de futures frictions à venir. Nous arriverons tout de même à un accord sur les services financiers. Le plan UMC est ambitieux, mais va-t-on assez vite ? Il ne faudrait pas que cela devienne de la centralisation

Et d’ajouter : « Le plan UMC est une réponse aux contraintes du modèle de financement bancaire. » Autrement dit, les banques ne sont pas les uniques sources de financement de l’économie, il y a également les marchés financiers, encore faut-il qu’ils soient davantage intégrés.

« La fragmentation des marchés financiers reste très importante en Europe. Il manque également une loi sur les faillites, à l’image de la loi américaine dite « chapter 11 ». Nous avons également besoin d’un cadre commun de supervision avec un seul mécanisme », a déclaré de son côté Robert Ophèle, le président du Conseil d’administration de l’Autorité des marchés financiers (AMF). 

Selon Jean Lemierre : « L’UMC donnera la possibilité d’augmenter l’offre de produits financiers auprès des investisseurs étrangers. »

L’Europe a un potentiel important

En attendant l’avancement du projet d’UMC, l’Europe reste attractive pour certains grands investisseurs internationaux : « Le continent européen est une destination majeure pour notre groupe, car il y a de nombreux secteurs dynamiques comme le tourisme, l’aérospatiale ou les nouvelles technologies, ainsi que beaucoup de multinationales de poids. L’investissement en Europe est très avantageux en termes de régulation et de transparence », a confirmé Guangshao Tu, le président de China Investment Corporation.

Toutefois, la montée inquiétante du protectionnisme et de la guerre commerciale risquent de perturber les flux d’investissement : « Les conséquences du protectionnisme seront importantes pour les investissements étrangers en entravant leur allocation optimale », a indiqué le patron chinois.

Outre ces incertitudes, l’Europe devra également composer avec le Brexit et la date butoir de mars 2019, qui se profile à grands pas.