Dans le cadre du Prix Turgot des meilleurs livres francophones d’économie financière, LouisBachelier.org publie quelques-unes des chroniques rédigées par le Club de présélection.

Ce billet est consacré au financement de l’innovation de Véronique Bessière et Eric Stephany paru aux éditions de Boeck, (2015)

Composé de dix contributions par une quinzaine de professeurs universitaires, cet ouvrage de lecture très agréable est un excellent outil de connaissance pour toute personne intéressée par les mécanismes de financement de l’innovation.

Le texte s’ouvre sur une remarque simple mais fondamentale : une innovation économique (par définition risquée) est présente sur le marché si et seulement si elle a été financée. Les acteurs du financement de l’innovation ont certes  le rôle de fournir le capital et le conseil /accompagnement à l’entrepreneur mais ils ont aussi un rôle central de sélection, rôle stratégique si on considère que aux USA « les sociétés soutenues par le capital –risque génèrent 21% du PIB et 11% des emplois du secteur privé ». Comprendre le fonctionnement de ce type de financement et participer à son développement est donc indispensable face à l’atonie économique ambiante : tout projet qui n’aura pas été financé sera perdu pour l’économie globale.

Les principales problématiques de ce type de financement, caractérisé par une évaluation de risque intrinsèquement complexe, sont donc abordées, parfois avec quelques répétitions : bien sûr on y décrit les principaux acteurs concernés avec mise en évidence de leur complémentarité notamment en termes séquentiels, mais aussi  les résultats des recherches internationales  les plus récentes sur les ressorts psychologiques dans la définition de l’innovation ou de la sous-évaluation du risque par l’entrepreneur, l’organisation de systèmes de gouvernance particuliers pour réduire les asymétries d’information et les conflits d’agence, le rôle des institutions publiques surtout dans leur capacité d’assurer ou pas un cadre culturel apte à favoriser la prise de risque et la tolérance à l’échec.

Quelques contributions sont particulièrement intéressantes  avec des propositions innovantes comme la possibilité de réorganiser la rémunération de l’investisseur en capital-risque sous la forme de dividendes privilégiés pour favoriser la pérennité de son investissement ; la création de normes dans les reportings extra-financiers sur la dimension « innovation durable » pour favoriser le financement de projets innovants durables (PID) par le capital-risque ; enfin , pour pallier aux déficiences des techniques d’évaluation pour les projets innovants, la possibilité d’utiliser le Business Model comme outil d’aide à la décision « de manière à prendre en compte les aspects cognitifs de la décision valorisés par les options réelles » (Pascal Barneto).