Dans le cadre du Prix Turgot des meilleurs livres francophones d’économie financière, LouisBachelier.org publie quelques-unes des chroniques rédigées par le Club de présélection.

Ce billet est consacré à Faut-il donner un prix à la nature ? de Jean Gadrey et Aurore Lalucq , paru aux Editions Les petits matins/Institut Veblen (2015)

C’est dans les années 1970 que l’Américain Garrett Hardin publiait La Tragédie des communs (sensée démontrer l’inefficacité du système communiste). Elle prendra une place centrale dans l’analyse économique dite « standard » : l’accès libre – et la gratuité d’une ressource limitée engendre inexorablement sa surutilisation, voire sa disparition. Au travers de cette lecture, la création de droits de propriété permettrait au marché de révéler un prix et donc de monétariser la nature. Les auteurs, s’ils ne rejettent pas totalement cette solution, y voient surtout une preuve de l’ « affligeante pauvreté » de la théorie néoclassique. Le lecteur soucieux de ne pas rester étranger à ce débat qui se voudrait démocratique, trouvera sans nul doute dans ce petit livre un condensé des connaissances théoriques et des errements des méthodes d’évaluation économique de la nature. Ainsi le rapport Stern publié en 2006 qui démontrait que sans action publique, les coûts du changement climatique équivaudraient à une perte annuelle de PIB mondial par habitant pouvant s’élever à 20% était-il largement contestable. Son impact a pourtant été majeur pour les arbitrages présentés aux responsables politiques. Une discussion sur ces considérations méthodologiques est donc cruciale pour éviter de nouveaux « subprimes écologiques ».