Les enjeux et les besoins des praticiens, ainsi que ceux des pouvoirs publics sur l’immobilier commercial ont été présentés, mercredi 30 janvier, à l’Institut Louis Bachelier (ILB), lors du lancement du réseau de recherche en immobilier commercial.

Ce réseau de recherche académique sur l’immobilier commercial a été initié par l’ILB, la Direction Générale du Trésor et Kévin Beaubrun-Diant, professeur à l’Université PSL Paris-Dauphine.

Soutenu par l’Association française des Sociétés de Placement Immobilier (ASPIM) et la société iread (immobilier recherche études analyses data), ce réseau de recherche aura également un accès aux données du fournisseurs d’indices boursiers et immobiliers MSCI, à travers sa base de données Global Intel.

« Une des grandes valeurs ajoutées du réseau de recherche réside dans la mise à disposition des données de la société MSCI », a assuré Kévin Beaubrun-Diant, coordinateur du réseau de recherche en immobilier commercial.

Stimuler et enrichir la recherche académique en France

Son ambition est de promouvoir, stimuler et enrichir la recherche scientifique sur l’immobilier commercial en France et en Europe. Il faut dire que ce segment du marché immobilier n’a pas fait l’objet de beaucoup de recherche académique dans l’Hexagone par rapport aux pays anglo-saxons (États-Unis, Royaume-Uni).

« Il n’y a pas assez de recherche académique sur l’immobilier commercial. Surtout que ce secteur peut être analysé selon plusieurs angles en fonction des acteurs concernés : investisseurs, pouvoirs publics, constructeurs. Le réseau de recherche a justement vocation à instaurer un dialogue entre les différentes parties prenantes », a souligné Jean Boissinot, conseiller des gouverneurs à la Banque de France, qui s’est exprimé en son propre nom.

Une des principales raisons de ce manque de recherche en France résulte notamment dans les difficultés à accéder à des données sur l’immobilier commercial, comme l’a confirmé Pierre Schoeffler, senior advisor chez la Française Asset Management et à l’Institut de l’Épargne Immobilière et Foncière (IEIF) :

« Il y a peu de données sur l’immobilier commercial. Il n’existe pas d’outil, ni de cadre conceptuel. Il y a de la recherche scientifique à réaliser que l’on pourra diffuser ensuite aux professionnels. »

Ces lacunes devraient pouvoir être en partie comblées grâce au partenariat avec MSCI.

Répondre aux attentes et besoins des praticiens et des pouvoirs publics

Qui plus est la diversité et la complexité de ce segment de marché constituent également des freins supplémentaires pour que la recherche, les professionnels et les pouvoirs publics puissent appréhender ensemble les nombreuses problématiques affectant l’immobilier commercial :

« L’immobilier commercial est mal défini, car plusieurs marchés y sont imbriqués comme celui de la vente et de l’investissement, de la construction, et de la location. Quelle est la place du résidentiel ? Quid des entreprises propriétaires occupantes ? », s’est interrogé Guy Lalanne, de la Direction Générale du Trésor, avant de formuler trois types de problématiques du point de vue des pouvoirs publics auxquelles la recherche scientifique pourrait contribuer à éclaircir :

« La question des données est cruciale pour construire des indices localisés qualitatifs ; la structure du marché et sa régulation, comme les relations entre les propriétaires et les occupants, est également importante ; et l’évaluation des politiques publiques, avec les questions de fiscalité et de localisation. »

Du côté des investisseurs institutionnels, les problématiques sur l’immobilier commercial concernent entre autres les choix d’investissement, les rendements de ces actifs illiquides, les impacts en cas de choc, la gestion des risques…

« Les synergies entre le temps court qu’est l’investissement et le temps long des académiques permettront de meilleures avancées. Plus il y a de ponts entre la recherche et les praticiens, mieux c’est », a indiqué Béatrice Guedj, head of research & innovation chez Swiss Life Asset Managers et senior advisor à l’IEIF, tout en ajoutant que : « l’article académique fait foi quand il s’agit d’investir des montants importants, plus il y aura d’articles scientifiques, plus on pourra investir socialement. »

Un réseau de recherche ouvert

Toutes les problématiques qui ont été mentionnées durant le lancement du réseau feront l’objet de thématiques, qui seront articulées en programmes de recherche. Par ailleurs, un appel à contributions aux chercheurs français sera prochainement lancé, afin de développer le réseau de recherche.

D’ici quelques mois, des premiers résultats devraient émerger et faire l’objet de rencontres et de présentations…