Si l’assurance-vie, en particulier les supports en euros au capital garanti, reste le placement préféré des Français avec des encours de 1 785 milliards d’euros (à fin novembre 2020), soit près de 75 % du PIB national, les épargnants y ont moins placé d’argent en 2020 par rapport aux années précédentes. Il faut dire que la crise et les nombreuses incertitudes sur l’avenir résultant de la pandémie de la Covid-19 ont  modifié les comportements des ménages, qui ont privilégié l’épargne de précaution comme les livrets A et les comptes courants mobilisables immédiatement en cas de besoin.

Pour ne rien arranger, les acteurs du secteur doivent jongler avec plusieurs problématiques depuis plusieurs années déjà dans le contexte de faibles taux d’intérêt, voire négatifs, qui n’est pas suffisamment pris en compte dans leurs modélisations. Cet environnement de marché, atypique sur le plan théorique, mais bien réel en pratique, pèse donc sur les rendements servis aux épargnants, mais aussi sur les marges des assureurs-vie, qui sont aussi confrontés à des contraintes réglementaires et techniques (comme la directive Solvabilité 2). Cette dernière impose notamment l’évaluation économique des engagements des assureurs-vie, c’est-à-dire le chiffrage des éléments financiers contenus dans leurs passifs (en clair l’argent des épargnants qu’ils sont susceptibles de retirer à un moment donné). Cependant, les pratiques du secteur ne semblent pas suffisamment adaptées à l’environnement de taux bas.

Pour faire face à ces nombreux défis, les actuaires doivent donc redoubler de vigilance dans leurs exercices délicats de modélisation des risques des contrats d’assurance-vie. Ce nouveau numéro de la collection Opinions & Débats, rédigé par Kamal Armel et Frédéric Planchet, des chercheurs reconnus dans le domaine de l’actuariat, examine ainsi sur les plans technique et pratique l’approche d’évaluation existante utilisée dans le secteur, tout en formulant des recommandations pour l’enrichir et permettre ainsi une gestion des risques plus adéquate des contrats d’assurance-vie.

Bonne lecture !

Jean-Michel Beacco, Délégué général de l’Institut Louis Bachelier