Si le rôle premier des entreprises a pendant longtemps été de maximiser les profits de ses actionnaires dont les responsabilités sont limitées, il s’élargit peu à peu. De fait, de nombreuses voix s’élèvent pour faire pivoter les entreprises au service de l’intérêt commun, ou du moins vers davantage de considérations sociales, environnementales et de gouvernance, la fameuse RSE. C’est notamment le cas en France, où le code civil a intégré des considérations sociales et environnementales dans l’objet de l’entreprise. Toutefois, cette évolution bienvenue reste insuffisante pour répondre aux nombreux défis du XXIe siècle, en particulier environnementaux, en raison notamment des difficultés juridiques à identifier les responsabilités.

Ce nouveau numéro de la collection Opinions & Débats examine, dans une perspective historique, l’évolution des concepts de responsabilités limitées et illimitées des actionnaires, qui a permis à la société anonyme (SA) de devenir la structure juridique la plus répandue en Europe et aux États-Unis.

Cette publication ouvre, par ailleurs, un débat nécessaire sur la responsabilisation des actionnaires et des gestionnaires d’entreprises en cas de dommages causés à la société, par exemple environnementaux. Il faut dire que ces externalités négatives sont largement supportées par l’intérêt général et qu’à l’heure où le réchauffement climatique se fait de plus en plus menaçant, la Responsabilité sociale et environnementale (RSE) et l’Investissement socialement responsable (ISR) peuvent afficher certaines limites, comme le montre dans ces pages Guillaume Vuillemey, un jeune et prometteur chercheur français.

Jean-Michel Beacco, Délégué général de l’Institut Louis Bachelier