Invité par l’Université Paris Dauphine, à l’occasion de l’inauguration de la House of Finance, Jean Tirole, président de la Toulouse School of Economics, s’est exprimé sur le thème de L’investissement socialement responsable et l’éthique des marchés. Plutôt que d’offrir des réponses toutes faites à une assemblée attentive, le Prix Nobel d’économie a invité à la réflexion sur ce que la société définit comme « socialement responsable ».

« Les philosophes, sociologues, politistes, reprochent souvent aux économistes de ne pas assez tenir compte de l’éthique et de ne pas distinguer le marchand du non marchand » a -t-il débuté. Le domaine du vivant est ainsi souvent présenté comme relevant du sacré : la vie ne peut s’acheter et aucun prix ne peut lui être donné. Cette idée, rependue dans les consciences collectives, est pourtant contredite par les faits. En décidant de réaliser, ou non, tel ou tel investissement un hôpital, par exemple, associe une valeur à la vie des patients.

« Les politiques économiques ne peuvent pas se fonder sur la morale»

Le jugement moral est en outre fluctuant selon les époques et les sociétés. Certaines désapprobations morales sont en effet très subjectives, et condamnent des comportements qui ne font pourtant pas de victimes. « C’est ainsi que l’homosexualité est réprouvée dans certains pays, poursuit l’économiste. Chacun a sa morale de dégoût qu’il tente d’imposer aux autres. Ce type de morale n’est pas fiable. »

Dès lors, pour le chercheur, il est impossible de distinguer de façon arbitraire le marchand du non marchand. « Les politiques économiques ne peuvent donc pas se fonder sur des postures morales a poursuivi Jean Tirole. Mieux vaut comprendre les fondements de la moralité ainsi que les origines des craintes vis-à-vis de la financiarisation de l’économie. » Autant de thèmes sur lesquels les recherches doivent se poursuivre.

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