Après avoir relayé, en début d’année, les recommandations émises par la Chaire Economie du Climat en vue d’un accord efficace. Ce nouveau numéro Opinions & Débats se fait l’écho des voix de Christian Gollier et Jean Tirole. Ils s’attèlent à la difficile tâche d’essayer de sauver une conférence internationale qui semble prendre la voie d’une simple liste d’intentions.

Résumé : 

En matière de négociation sur le climat, le phénomène du passager clandestin, qui résulte de l’absence de cadre réglementaire commun, est aggravé par les préoccupations concernant les fuites de carbone et la volonté d’obtenir des compensations lors de négociations futures. Les négociations actuelles fondées sur des “contributions volontaires” (INDC) permettent de faire des promesses séduisantes et de crier victoire alors qu’en réalité elles servent surtout à pérenniser l’attentisme de la communauté internationale. Le problème de passager clandestin ne pourra être résolu que par l’élaboration d’un système cohérent de tarification carbone. Nous proposons une feuille de route pour le processus de négociation internationale. Les négociateurs doivent revenir aux fondamentaux : le besoin d’un prix uniforme de carbone international, un mécanisme de mesure et de contrôle, et un système de gouvernance accepté par tous. Selon le principe de subsidiarité, chaque pays sera libre d’élaborer sa propre politique nationale de climat. Nous proposons un schéma d’application qui fait appel à des sanctions financières et commerciales pour inciter tous les pays à participer et à respecter les conditions de l’accord. Enfin, quel que soit le mécanisme économique choisi, tarification uniforme du carbone ou système de cap-and-trade, il y aura des arbitrages sur lesquels plusieurs points de vue raisonnables peuvent coexister. Nous expliquons les motifs pour lesquels nous donnons notre préférence à un accord international de type droits d’émission négociables (cap-and-trade).

Christian Gollier et Jean Tirole