Les politiques actives du marché du travail couvrent un large ensemble d’outils qui comprend des interventions aussi diverses que l’accompagnement des demandeurs d’emploi, des “mesures actives” comme les baisses de cotisations sociales sur les bas salaires, des contrats aidés dans les secteurs privé et public ou encore des programmes de formation ciblés sur des chômeurs. Plus largement, les politiques de l’emploi comprennent également les baisses de cotisations sociales ciblées sur des emplois menacés ou sur des entreprises plus fragiles, telles les petites entreprises1 . Pendant la crise, les pays de l’OCDE ont agi en priorité sur l’accompagnement des chômeurs afin de faire face à l’afflux de demandeurs d’emploi, mais les usages en matière de mesures actives ont été très variés. De fait, très peu de travaux théoriques ou empiriques ont cherché à éclairer l’action publique en identifiant les mérites respectifs des divers types d’intervention au cours du cycle. La plupart des évaluations disponibles ne portent pas une attention spécifique sur le moment de l’intervention, mais cherchent le plus souvent à identifier leurs effets de long terme. L’objet de cette note consiste à analyser l’ajustement des politiques d’emploi dans les différentes phases du cycle à la lumière des recherches récentes. Ces recherches aboutissent à trois recommandations importantes. Tout d’abord, l’accroissement du coût social du chômage en période de récession peut justifier la contra-cyclicité des politiques facilitant la création d’emplois et limitant leurs destructions, qui devraient donc être plus intensives en période de phase basse du cycle. Ensuite, dans les périodes de ralentissement de l’activité économique, il est souhaitable de favoriser les programmes de formation des demandeurs d’emploi. En effet, comme il leur est plus difficile de trouver un emploi durant ces périodes, l’effet de lock-in inhérent aux formations présente moins d’inconvénients. Enfin, il est souhaitable de favoriser les dispositifs qui réduisent le coût du travail au niveau des bas salaires dans les périodes de récession en particulier lorsque le salaire minimum est contraignant, ce qui est le cas de la France. La première partie de cet article présente rapidement les principales caractéristiques cycliques des dépenses actives d’emploi dans les pays de l’OCDE. Une deuxième partie expose les analyses économiques des ajustements au cours du cycle du volume de dépenses consacré aux politiques actives d’emploi. Une troisième partie est consacrée à l’analyse du choix de la palette d’outils des politiques d’emploi.

Pierre Cahuc & Stéphane Carcillo