Le marché du travail français fonctionne mal. Le taux de chômage qui avoisine à présent 10 % n’est pas passé sous la barre des 7 % depuis 40 ans, alors qu’il est aujourd’hui inférieur à 5 % en Allemagne et au Royaume-Uni. Outre le niveau élevé du chômage, le marché du travail français est marqué par un développement important des emplois de très courte durée, notamment pour les jeunes, dont l’insertion dans l’emploi durable est particulièrement difficile. Pourtant, la France a mis en oeuvre de très nombreuses politiques d’emploi. Mais la plupart de ces politiques n’ont pas été évaluées. Il y a donc un manque criant de retour d’expérience.

Créée en juin 2012, la Chaire « sécurisation des parcours professionnels », a pour objectif de combler ce manque, en améliorant la compréhension du fonctionnement du marché du travail grâce à des synergies entre des acteurs du marché du travail et des chercheurs.

Elle regroupe aujourd’hui le groupe Alpha, le Ministère du Travail, Pôle Emploi, Randstad et l’Unedic du côté des partenaires financeurs et deux institutions académiques : le Groupe des Écoles Nationales d’Économie et de Statistique, ainsi que Sciences Po. Sa gestion est assurée par l’Institut Louis Bachelier. Les activités de la Chaire sont diverses : financement de projets de recherche, invitation de professeurs étrangers, organisation de conférences, site internet présentant des recherches récentes sur le marché du travail, envois réguliers de lettres d’information sur l’actualité de la recherche, publications d’ouvrages de vulgarisation de la recherche et enseignements pour rendre accessibles les travaux de recherche.
En quatre ans, la Chaire « sécurisation des parcours professionnels » est devenue un acteur important de la recherche sur le marché du travail : 27 chercheurs et 5 doctorants, appartenant à diverses institutions académiques, sont affiliés à la Chaire. Depuis sa création, elle a financé 5 doctorats, 23 projets de recherche, organisé 20 conférences et publié 13 ouvrages commentés, dans près d’une centaine d’articles de presse.

Les interviews de ce cahier donnent un aperçu des recherches entreprises dans le cadre de la Chaire. Ces recherches, systématiquement ancrées dans les faits, traitent de problèmes dont les enjeux concernent non seulement les partenaires de la Chaire, mais aussi la société dans son ensemble, comme l’illustrent les deux thèmes retenus dans ce cahier. Le premier concerne l’instabilité de l’emploi. La taxation des contrats courts, introduite en France en juillet 2013, a pour but de limiter l’instabilité de l’emploi. Or, leur analyse montre qu’ils sont plutôt susceptibles d’accroître l’instabilité de l’emploi, contrairement à l’objectif visé. En revanche, les services de prospection d’emploi pour les entreprises développés par Pôle Emploi, en favorisant les embauches en contrat à durée indéterminée, contribuent à limiter l’instabilité de l’emploi. Le second thème concerne l’insertion dans l’emploi des jeunes faiblement qualifiés, qui sont tout particulièrement touchés par le chômage. Les travaux récents soulignent l’importance des formations qualifiantes, du développement des compétences non cognitives et des dispositifs d’aide à la création d’entreprise pour cette population.

Bonne lecture !
Pierre Cahuc, porteur de la Chaire « sécurisation des parcours professionnels »
Stéphane Carcillo, directeur exécutif

LA TAXATION DES CONTRATS COURTS AMÉLIORE-T-ELLE LE MARCHÉ DU TRAVAIL ?

La dualité du marché du travail entre les emplois permanents et les emplois temporaires est fortement marquée en France et dans d’autres pays européens (Espagne, Italie, Portugal). Pour y remédier, des taxes sur les contrats courts ont été instaurées. Mais l’efficacité de ces mesures soulève des interrogations.

La segmentation du marché du travail est une problématique importante dans certains pays d’Europe continentale (France, Espagne, Italie, Portugal), alors que, dans le même temps, ils connaissent un taux de chômage élevé. Dans ces pays, les entreprises ont le choix de proposer deux grands types de contrats de travail à leurs salariés : le contrat à durée indéterminée (CDI) et le contrat à durée déterminée (CDD). Le CDI est la norme classique, mais sa rupture implique des procédures administratives et des coûts importants qui rebutent les employeurs. À l’inverse, le CDD est, par définition, plus flexible et ne nécessite pas le versement d’indemnités élevées lorsqu’il arrive à son terme. C’est donc dans ce contexte réglementaire dichotomique que la segmentation du marché du travail agit fortement dans ces pays. En France, par exemple, 86 % des nouvelles embauches ont été faites en CDD, l’an dernier. Or, cette forte segmentation du travail augmente l’instabilité des salariés en CDD, tout en coûtant très cher à l’assurance chômage : « 45 % des allocataires à Pôle Emploi ont une activité réduite en CDD. Et ce phénomène massif se retrouve également chez les voisins européens mentionnés précédemment », souligne Pierre Cahuc.

DES TAXES SUR LES CDD POUR PROMOUVOIR LES CDI

Conscients de cette dualité du marché du travail particulièrement pénalisante, les partenaires sociaux et les pouvoirs publics ont tenté de réfléchir à des solutions pour inverser cette situation. Cependant, réformer et réduire le statut tut protecteur des CDI est une mesure difficilement applicable, sur le plan politique, dans les pays concernés. Ce sont donc des taxes supplémentaires sur les CDD qui ont ainsi été mises en place entre 2009 et 2014. En Espagne, en France et au Portugal, les entreprises payent des cotisations patronales majorées quand elles ont recours à des CDD de courte durée, tandis que l’Italie a décidé d’augmenter les taxes sur tous les CDD, toutes durées confondues.
Ces différents exemples de politiques plus ou moins similaires visent à réduire l’instabilité des emplois de courte durée et à décourager les entreprises de recruter en CDD au profit des CDI. Toutefois, l’analyse des conséquences de ces mesures n’existe pas dans la littérature économique. C’est pour combler ce vide académique que Pierre Cahuc et ses co-auteurs ont réalisé leur article de recherche. « Notre principal apport a été de déterminer les effets positifs ou négatifs de ces politiques sur le marché du travail », affirme le scientifique. En clair, sont-elles bénéfiques pour les créations d’emplois ? Et quelles sont les conséquences pour les chômeurs ?

Malgré de bonnes intentions,
les politiques de taxation
des contrats courts
n’ont pas obtenu les résultats escomptés.

UNE MODÉLISATION INÉDITE POUR ÉVALUER CES POLITIQUES

Dans le but de répondre à ces interrogations, les auteurs de l’article se sont appuyés sur un modèle de recherche d’emploi, qui a été développé par Pierre Cahuc, Olivier Charlot et Franck Malherbet en 2016. Si ce modèle permet d’expliquer la répartition des durées des contrats temporaires, ainsi que le choix pour les entreprises de recourir à des CDD ou à des CDI, les chercheurs ont dû le prolonger en y incorporant un nouveau paramètre : les taxes sur les CDD. Grâce à des données administratives fournies par Pôle Emploi et l’Unédic, ils ont ensuite pu réaliser des simulations numériques sur leur modélisation inédite, afin d’évaluer les conséquences des régulations relatives à l’augmentation du coût du travail pour les CDD.

DES RÉSULTATS OPPOSÉS AUX JUSTIFICATIONS INITIALES DES MESURES…
Malgré de bonnes intentions, les politiques de taxation des contrats courts n’ont pas obtenu les résultats escomptés. Au contraire, les effets sont négatifs pour l’emploi à plusieurs niveaux : « D’après nos travaux, les taxes sur les CDD accroissent davantage la rotation des emplois, car les entreprises ont tendance à réduire leur durée lorsque le coût du travail augmente », affirme Pierre Cahuc. De fait, les employeurs préfèrent rester prudents et sont moins enclins à rallonger la durée des CDD, surtout que ces derniers impliquent une rémunération jusqu’à leur terme. Ce mauvais résultat entraîne des conséquences néfastes pour les travailleurs concernés, qui sont très souvent les moins qualifiés : « Les taxes sur les CDD réduisent le bien-être des chômeurs, qui subissent une hausse de la durée du chômage et sont donc sujets à davantage d’instabilité », poursuit Pierre Cahuc. Pour ne rien arranger, le surcoût des CDD réduit l’efficacité globale du marché du travail : « Les taxes sur les contrats courts limitent les créations d’emplois, en raison de la forte proportion de contrats courts sur le marché du travail », confirme le chercheur. Ces conclusions négatives valent pour tous les pays étudiés, quel que soit le niveau de taxe sur les CDD et ce même si elles sont réduites pour les CDD longs et les CDI.

…MAIS DES RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES PLUS ADÉQUATES
Si la taxation des CDD constitue un échec pour les créations d’emplois, les chercheurs estiment que d’autres solutions seraient plus adéquates : « La rotation élevée des CDD est due aux coûts importants supportés par les entreprises quand elles souhaitent se séparer de salariés en CDI. La mise en place d’un contrat unique – sans coût de licenciement à court terme, mais qui augmente au-delà d’une certaine ancienneté – serait plus efficace », soutient Pierre Cahuc. Une autre piste envisagée serait d’instaurer un système de bonus/malus comme aux États-Unis : « Les entreprises paient des taxes en fonction du coût qu’elles induisent pour l’assurance chômage. Chaque entreprise aurait ainsi un compte, qui fait le solde entre les cotisations payées et les indemnités versées par l’assurance-chômage », détaille Pierre Cahuc. Il est vrai qu’avec une telle mesure, les employeurs réfléchiraient à deux fois avant de recourir massivement aux CDD. 

D’après l’article Taxation of Temporary Jobs : Good Intentions With Bad Outcomes ? écrit par Pierre Cahuc, Olivier Charlot, Franck Malherbet, Hélène Benghalem et Émeline Limon, ainsi qu’un entretien avec Pierre Cahuc.

LES EMPLOIS SUBVENTIONNÉS AIDENT-ILS LES JEUNES PEU QUALIFIÉS ?

En France, des politiques d’emplois subventionnés pour les jeunes disposant de faibles qualifications sont couramment mises en place par les autorités. Or, si cette catégorie de population est particulièrement touchée par le chômage, l’efficacité des mesures qui lui sont destinées est peu identifiée.

En France, le taux de chômage des jeunes a atteint 24,3 %, l’an dernier, contre 18,5 % au début de la crise financière de 2008. Avec cette hausse marquée, la performance de la France est très mauvaise, comparée à la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Et, selon cette dernière, les jeunes – ayant abandonné le lycée sans diplôme, ni qualification – ont trois fois plus de chance de se retrouver sans étude, sans emploi ou sans formation (les fameux NEET : not in education, employment or training) que les diplômés de l’université. De fait, à peine un tiers des décrocheurs scolaires disposent d’un contrat de travail et 50,9 % sont chômeurs, quatre ans après avoir quitté le lycée. Par ailleurs, le taux de décrochage scolaire est important, avec plus de 120 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans le baccalauréat ou un diplôme professionnel chaque année. Résultat ? Un jeune sur six âgé de 25 à 34 ans n’a pas terminé le lycée et n’a pas effectué de formation par la suite pour valider ce cursus. Au vu de ce constat négatif, l’insertion de ces jeunes peu qualifiés sur le marché du travail représente donc un défi immense.

LE REMÈDE DES EMPLOIS AIDÉS
Pour améliorer l’employabilité des jeunes peu qualifiés et leur permettre de s’insérer durablement sur le marché du travail, la France a eu recours à des politiques d’emplois subventionnés à plusieurs reprises. C’est même l’outil le plus utilisé ! Parmi les dernières mesures, figure « L’Emploi d’Avenir », instauré en 2012. Les jeunes peuvent également bénéficier du « Contrat Unique d’Insertion (CUI) », mis en place en 2010. Le premier s’adresse aux jeunes âgés de 16 à 25 ans, qui sont au chômage,

Les employeurs n’accordent pas ou peu d’importance à l’expérience professionnelle lorsqu’elle est basée sur des emplois faiblement qualifiés.

faiblement qualifiés et en recherche d’emploi depuis six mois au cours des douze derniers mois. De leur côté, les employeurs du secteur non-marchand reçoivent une subvention étatique de 75 % des salaires bruts versés, tandis que les entreprises du secteur marchand perçoivent une aide correspondant à 35 %. En outre, ce programme associe une formation avec une certification des compétences professionnelles. D’ailleurs, depuis sa création, 300 000 jeunes peu qualifiés ont bénéficié de l’Emploi d’Avenir, d’après la Dares. Quant au CUI, il subventionne les salaires versés des employeurs du secteur non-marchand à hauteur de 95 % et à 37,5 % pour ceux du secteur marchand. Sans surprise, le secteur non-marchand concentrait environ 80 % de ces deux types de contrats aidés, en 2014. Toutefois, ces derniers coûtent cher : les emplois aidés (tous publics confondus) représentent 15 % du budget total alloué aux politiques de l’emploi. Dans ce contexte, l’évaluation scientifique de ces politiques est indispensable.

UNE ÉTUDE DE TERRAIN POUR ÉVALUER LES POLITIQUES

Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo et Andreea Minea ont ainsi réalisé une expérimentation de terrain l’an dernier, afin d’observer le taux de convocation à un entretien d’embauche pour les jeunes qui ont eu un contrat aidé au cours des trois dernières années. « Même si certaines études ont estimé que l’impact positif des emplois aidés dépendait du secteur dans lequel ils étaient créés, aucune étude sans biais de sélection n’avait été menée en France pour établir un lien causal clair entre ces politiques et leur efficacité pour les jeunes peu qualifiés. Dans nos travaux, nous avons contrôlé les biais de sélection avec des jeunes comparables », avance Andreea Minea. Concrètement, les chercheurs ont construit douze types de CV fictifs pour des jeunes peu qualifiés, qui se distinguent uniquement par une trajectoire professionnelle différente (avec ou sans expérience professionnelle, contrats aidés ou non dans le secteur marchand ou non-marchand…). Puis, ils ont envoyé de manière aléatoire ces différents types de CV pour des annonces réelles de jardinier ou d’agent d’accueil, dans la France entière. « Ces postes sont parmi les plus fréquents au sein des contrats aidés. C’est pourquoi nous les avons choisis », explique Andreea Minea. Ainsi, 5 388 CV ont été envoyés. Ensuite, les chercheurs ont analysé le taux de rappel des employeurs pour une convocation à un entretien, en fonction des profils des candidats.

LA FORMATION CERTIFIANTE AUGMENTE LES CHANCES D’OBTENIR UN ENTRETIEN
Globalement, le taux de rappel des employeurs est faible et se situe seulement à 6,3 %. Toutefois, ce chiffre diffère, en fonction des profils des candidats. Ceux qui ont effectué trois CDD de deux mois pour des emplois non qualifiés dans les trois dernières années ont le plus faible taux de rappel, à 4,6 %. Ce résultat suggère que les employeurs n’accordent pas ou peu d’importance à l’expérience professionnelle, lorsqu’elle est basée sur des emplois faiblement qualifiés. À l’inverse, le taux de rappel le plus élevé (11,2 %) concerne les candidats, qui ont occupé un emploi subventionné dans le secteur non-marchand avec une formation certifiante. « Quel que soit le type d’emploi occupé par un candidat au cours des trois dernières années – subventionné ou non-subventionné, dans le secteur marchand ou le secteur non-marchand – le taux de rappel d’un employeur n’est pas plus élevé par rapport au profil d’un candidat ayant été sans aucun emploi sur la même période, sauf dans les cas où les jeunes ont eu un emploi assorti d’une formation de certification des compétences », confirme Andreea Minea. Et d’ajouter : « L’effet de la formation est plus important lorsqu’elle a été effectuée durant un contrat aidé dans le secteur non-marchand, car les employeurs considèrent que les jeunes ont effectivement eu le temps de la suivre, par rapport à une formation suivie dans le cadre d’un contrat du secteur marchand ». Cependant, l’effet positif de la formation certifiante est corrélé négativement aux conditions locales du marché du travail. « Si le taux de chômage local est supérieur à 8,5 %, la formation certifiante n’accorde pas plus de chance aux jeunes peu qualifiés d’être rappelés par un employeur. Ce résultat plaide pour la promotion de la mobilité de ces jeunes pour accroître leur insertion sur le marché du travail », conclut Andreea Minea.

D’après l’article The Difficult School-to-Work Transition of High School Dropouts: Evidence from a field experiment, écrit par Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo, Andreea Minea, ainsi qu’un entretien avec cette dernière.

LE DISPOSITIF GROUPEMENT DE CRÉATEURS PASSE LE CAP DE L’ÉVALUATION AVEC SUCCÈS

Instauré dans plusieurs missions locales du pays, le Groupement de Créateurs aide les jeunes en difficulté à mûrir leurs projets entrepreneuriaux. Durant cinq ans, des chercheurs l’ont évalué scientifiquement pour analyser son apport sur le marché du travail.

Le chômage des jeunes constitue une problématique récurrente dans les pays développés et la France ne fait malheureusement pas figure d’exception en la matière, avec 24 % de jeunes sans emploi. Ce constat peu reluisant peine à s’inverser, alors que de nombreux programmes de conseil et d’assistance aux chômeurs ont été mis en place. Néanmoins, ils se sont montrés peu efficients pour les jeunes et notamment chez les peu qualifiés. D’ailleurs, ces derniers sont encore plus difficiles à insérer sur le marché du travail.

UN DISPOSITIF POUR LES PROJETS ENTREPRENEURIAUX DES JEUNES
En partant des observations précédentes, la mission locale de Sénart en Seine-et-Marne a lancé le Groupement de Créateurs, en 2000, qui s’est étendu dans une dizaine d’autres missions locales, à travers la France. Ce programme spécifique est destiné aux jeunes de 18 à 25 ans – aux faibles perspectives sur le marché du travail (décrocheurs scolaires, peu qualifiés…) – qui ont envie d’entreprendre au sens large, par le biais de la création d’une entreprise, d’une association ou encore d’un projet.

UN RENVERSEMENT DANS LA LOGIQUE D’ACCOMPAGNEMENT
Sur le plan pratique, le Groupement de Créateurs est fondé sur l’entreprenariat et la pédagogie de projet avec, comme point de départ, l’idée des jeunes. Il se décline en deux phases. La première, qualifiée d’émergence, vise à accompagner les participants dans leur idée (connaissance de soi, définition de l’idée, découverte de l’environnement du projet, adéquation entre le jeune et son projet) et dure entre deux et huit mois. « Le jeune devient l’acteur de sa situation en faisant mûrir lui-même son projet. Ce programme original dans sa conception représente une rupture avec l’approche classique de l’accompagnement, car il s’appuie sur la motivation intrinsèque des jeunes », souligne Bruno Crépon. Quant à la seconde phase du programme, elle est consacrée à la formation au Diplôme d’Université de Créateur d’Activité (DUCA) durant six mois. Elle ne concerne que les jeunes intéressés par son contenu et qui souhaitent aller au bout de leur projet initial.

PROUVER LE BIEN-FONDÉ DU PROGRAMME
Toutefois, depuis sa mise en oeuvre, ce dispositif n’était pas passé par une évaluation. Pour apporter la preuve que leur programme fonctionne, ses initiateurs – l’Association Nationale des Groupements de Créateurs – se sont rapprochés du Centre de Recherche en Économie et Statistique (Crest). Financée par le Fonds d’Expérimentation de la jeunesse, l’étude d’évaluation s’est déroulée de juin 2010 à juin 2015. « Face aux mauvais résultats des programmes antérieurs de retour à l’emploi, il est nécessaire et important d’évaluer de nouveaux concepts, tels que le Groupement de Créateurs. En effet, une

Si cette méthode de randomisation est la plus rigoureuse scientifiquement, elle se heurte parfois à des réticences.

fois que la preuve de l’efficacité d’un programme est apportée, il devient un bien public et peut même bénéficier de crédits supplémentaires pour qu’il soit étendu », assure Bruno Crépon. Les auteurs du rapport ont ainsi procédé à une évaluation randomisée. Ils sont partis d’une population éligible au dispositif et ont effectué un tirage au sort pour déterminer un groupe test et un groupe de contrôle parfaitement comparables. Les jeunes du groupe test ont ensuite répondu à deux enquêtes successives, 11 et 21 mois après le début de la phase d’émergence.
Si cette méthode de randomisation est la plus rigoureuse scientifiquement, elle se heurte parfois à des réticences. Par exemple, une mission locale a refusé de participer à l’étude, car elle ne trouvait pas juste d’exclure par un simple tirage au sort des jeunes qui avaient besoin du programme. Les chercheurs ont aussi dû faire preuve de pédagogie auprès des conseillers des missions locales participantes, afin de leur expliquer les avantages de l’évaluation. « Pour accumuler du savoir sur l’efficacité des programmes, la méthode de la randomisation est indispensable. Elle permet de mettre de la transparence et de la rigueur dans l’identification des programmes et les idées qui marchent indépendamment des a priori idéologiques souvent prégnants dans la définition des dispositifs ».

LE PROGRAMME MARCHE POUR UN BUDGET MODIQUE
L’évaluation du Groupement des Créateurs affiche de très bons résultats pour un coût annuel moyen qui avoisine seulement 660 euros par jeune pour la phase d’émergence et de 6 000 euros pour le programme complet, incluant la formation au DUCA. La première année, 20 % des jeunes ayant suivi le programme sont en formation, soit deux fois plus que les jeunes du groupe de contrôle. « Les programmes de formation sont le parent pauvre des politiques de l’emploi à destination des jeunes, car il est généralement très difficile de les persuader d’y entrer, surtout lorsqu’ils ont connu des échecs scolaires. Le Groupement de Créateurs est donc un accélérateur pour faire rentrer les jeunes dans un cursus, ce qui leur permet de s’intégrer davantage sur le marché du travail. Probablement parce qu’il donne un sens à ce cursus », affirme Bruno Crépon.
Outre l’impact important sur le capital humain, ce dispositif a des effets sur l’emploi pour les jeunes qui l’ont suivi. Certes, à court terme (la 1re année), la création d’activité n’évolue pas entre les deux groupes, mais, à plus long terme (2e année), le salariat augmente au détriment de la création d’activité. « Ce résultat est inattendu, mais il peut s’interpréter par le fait que certains jeunes, grâce au programme, réévaluent leur projet et préfèrent s’orienter vers le salariat », précise Bruno Crépon. Enfin, le résultat le plus significatif se caractérise par le fait que les revenus des jeunes passés par le dispositif sont supérieurs à ceux du groupe de contrôle, à hauteur de 42 %. « Ce résultat est le plus intéressant. Peu de programmes qui aient été évalués avec des méthodes rigoureuses comme celle utilisée ici sont parvenus à de tels résultats. Il traduit une augmentation de l’autonomie financière des jeunes. Les revenus progressent, tirés par les revenus d’activité en dépit d’une réduction des transferts sociaux perçus », conclut Bruno Crépon.

D’après le rapport d’évaluation : Les effets du dispositif Groupement de Créateurs : Résultats d’une expérience contrôlée, dirigé par Yann Algan, Bruno Crépon, Elise Huillery et William Parienté ainsi qu’un entretien avec Bruno Crépon

« LE SYSTÈME ÉDUCATIF FRANÇAIS EST LE PLUS INÉGALITAIRE PARMI LES PAYS DÉVELOPPÉS »

Depuis la crise économique et financière de 2008, le chômage des jeunes a fortement augmenté dans les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE). À partir de 2013, cette tendance haussière s’est inversée, hormis en France, où l’on compte 1,8 million de jeunes âgés de 15 à 29 ans sans emploi, soit 16 % de cette classe d’âge. La plupart d’entre eux appartiennent à des classes sociales fragiles.

Pour remédier à cette faible insertion des jeunes Français dans le monde du travail, Stéphane Carcillo s’est intéressé aux pratiques américaines, en matière d’éducation des jeunes issus de milieux défavorisés.
Dans son ouvrage « Des compétences pour les jeunes défavorisés, leçons américaines », publié en septembre 2016, il analyse les programmes ayant eu du succès outre-Atlantique, et dont l’objectif était de développer les compétences et l’employabilité des jeunes en difficulté. D’après l’économiste, spécialisé dans les politiques du marché du travail, la France doit s’inspirer des États-Unis.

ILB : Pourriez-vous préciser le contexte auquel votre ouvrage fait référence ?

Stéphane Carcillo : En Europe, le chômage des jeunes est très élevé avec de très fortes disparités. D’un côté, on retrouve les pays scandinaves, l’Allemagne, l’Autriche ou encore les Pays-Bas, qui ont de faibles taux de chômage. De l’autre, les pays du sud, comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal, sont très touchés par le chômage, en particulier chez les jeunes. Dans ces pays, le marché du travail est très dual et la faible expérience professionnelle des jeunes ralentit leur insertion. Or, la France appartient à cette seconde catégorie ! Ainsi, sur le 1,8 million de jeunes sans emploi, au sein de l’Hexagone, près des 2/3 ne recherchent pas d’emploi et 80 % n’ont pas le baccalauréat. Cette population est donc peu qualifiée. Il y a un problème évident de développement des compétences qui se crée dès l’école.

Pourquoi avoir étudié le cas des États-Unis ?
S.C. : Principalement pour trois raisons. Premièrement, beaucoup de minorités ont des problèmes d’insertion dans le monde du travail aux États-Unis. Cela permet d’établir un rapprochement avec la France, qui compte également beaucoup d’inégalités entre ses minorités : par exemple, les jeunes issus de l’immigration ont moins de chance de réussir à l’école, d’après des statistiques officielles. Deuxièmement, le système fédéral américain est propice à l’innovation, à la multiplicité des approches et à une marge de manoeuvre plus importante dans la mise en oeuvre des programmes éducatifs à destination des populations les plus fragiles. Enfin, troisièmement, l’évaluation scientifique des programmes américains, qui conditionne leur renouvellement ou non, a généré une littérature abondante dans ce domaine.

Aux États-Unis, les programmes spécifiques pour les jeunes mettent l’accent sur le développement des compétences non cognitives. Quelles en sont les raisons ?
S.C. : Au cours des trente dernières années, l’économie comportementale a mis en exergue

Les compétences non cognitives peuvent
s’acquérir jusqu’à 20 ans environ, contrairement
aux capacités cognitives, d’où la nécessité
de les prendre en compte et de les améliorer.

l’impact des traits non cognitifs – le caractère consciencieux, l’ouverture, la stabilité émotionnelle, etc. – sur la trajectoire personnelle des individus (insertion professionnelle, taux de criminalité, santé…). En clair, ces compétences sont aussi importantes que les diplômes basés sur les aspects cognitifs. Cependant, l’école républicaine s’intéresse beaucoup trop au savoir et peu au savoir-être. Or, les jeunes défavorisés ont moins de compétences non cognitives que ceux issus de familles plus aisées. Aux États-Unis, par exemple, dans certains programmes de maternelles, l’acquisition du langage est aussi importante que les interactions avec les autres enfants. Par ailleurs, il est important de souligner que les compétences non cognitives peuvent s’acquérir jusqu’à 20 ans environ, contrairement aux capacités cognitives, d’où la nécessité de les prendre en compte et de les améliorer.

L’aspect cognitif est-il donc trop dominant en France ?
S.C. : Clairement, même si des réformes sont en cours. En France, l’éducation est essentiellement basée sur le cognitif avec des programmes trop chargés, mais elle n’est pas assez ouverte sur le travail en groupe. À titre d’exemple, le programme américain Head Start fractionne les enfants en petits groupes, afin de développer les compétences cognitives et non cognitives en même temps.
Pourquoi insistez-vous sur l’interventionnisme chez les enfants dès le plus jeune âge.

N’est-ce pas déjà le cas en France avec le fort taux de scolarité en maternelle et l’école obligatoire jusqu’à 16 ans ?
S.C. : L’intervention chez les jeunes enfants en difficulté le plus tôt possible est indispensable pour augmenter leurs chances de développer des compétences cognitives et non cognitives. En France, nous devons mettre plus de moyens dans les zones défavorisées, en définissant des critères socio-économiques clairs, contrairement aux critères politiques appliqués dans les ZEP (zones d’éducation prioritaire). Concernant la scolarité en maternelle et jusqu’à 16 ans, les marges de manoeuvre des établissements sont trop limitées, en particulier dans la définition des programmes et le choix du projet pédagogique. Quant au taux d’encadrement, il est trop faible surtout dans les écoles des quartiers défavorisés. Pourtant, c’est une composante essentielle pour faire la différence chez les plus jeunes.

L’école primaire et le collège unique sont-ils trop rigides en France ?
S.C. : Effectivement, le système éducatif français n’est pas assez flexible et ne convient pas à tous les jeunes. Nous devons trouver des moyens de combler les lacunes que connaissent les jeunes défavorisés dans leur environnement familial. Pour y parvenir, il faut laisser davantage de latitude aux écoles. L’exemple des Charter Schools aux États-Unis est ainsi très intéressant, car ce système fonctionne très bien. Ces écoles signent des chartes avec l’État pour définir des objectifs précis à atteindre. Elles ont ensuite une totale liberté dans la mise en oeuvre de leurs programmes éducatifs, avec un soutien accru pour les jeunes défavorisés. En regardant de plus près, nous pourrions trouver un équivalent à mettre en place chez nous.

Revenons un instant sur les ZEP, mentionnées plus haut, comment évaluez-vous cette politique ?
S.C. : La politique des ZEP se limite à un simple saupoudrage qui ne fonctionne pas. Les ZEP sont, en effet, trop nombreuses au regard des moyens financiers qui leur sont alloués. Il serait nécessaire d’augmenter les budgets pour réduire sensiblement le nombre d’élèves par classe, alors que ce n’est pas du tout le cas aujourd’hui. Les ZEP ne permettent pas de cibler efficacement les jeunes en difficulté et ne sont pas assez flexibles, car la vision universaliste de l’école républicaine prédomine en France. Nous devrions avoir une approche plus ambitieuse avec des mesures objectives. Ce n’est pas pour rien que la France est moyennement classée dans l’étude Pisa de l’OCDE : le système éducatif français est le plus inégalitaire parmi les pays développés.

Quel type de programme américain pourrait être décliné en France ?
S.C. : Si je dois n’en mentionner qu’un seul, je citerai le Job Corps à destination des jeunes ayant quitté l’école sans aucun diplôme. Ce programme ressemble au Réseau des Écoles de 2e Chance en France, mais il comprend en plus la résidence interne, ce qui constitue un atout important pour développer les compétences non cognitives. Ce programme intensif et qualifiant débouche sur une certification. Les différentes évaluations ont montré que ce programme fonctionnait auprès des jeunes ayant connu une période de galère après avoir abandonné l’école. Nous pourrions nous inspirer de ce dispositif pour améliorer l’École de la 2e Chance, qui est trop sous-dimensionnée en accueillant 15 000 jeunes par an, alors que 120 000 sortent du système scolaire sans diplôme, ni qualification chaque année, en France.

Mais le coût de ce programme atteint annuellement 25 000 dollars par jeune. N’est-ce pas trop coûteux ?
S.C. : Le Job Corps est très cher, mais son rapport coûts/bénéfices est largement positif pour les jeunes défavorisés : les revenus du travail augmentent, tandis que les coûts liés à la santé et à la justice se réduisent. Ce programme est donc bénéfique pour la société.

Pour conclure, si l’évaluation des programmes avec un processus de sélection aléatoire (ou randomisation) est démocratisée outre-Atlantique, il semblerait qu’elle pose problème en France pour des raisons d’équité. Qu’en pensez-vous ?
S.C. : En réalité, la randomisation se développe en France et il faut que ce processus se poursuive. Ce mode d’évaluation avec deux groupes tirés au sort – dont un de contrôle, comme ce qui est pratiqué dans les essais thérapeutiques en médecine – est le plus convaincant sur le plan scientifique. Il permet d’observer les programmes qui marchent ou pas. Il faut aussi rappeler que le tirage au sort a été une manière de répondre à la sur-demande ou à la sous-dimension des budgets de certains programmes. Dans ces cas-là, il est difficile de faire plus d’équité. Enfin, ces évaluations scientifiques sont indispensables pour déterminer les coûts et les bénéfices engendrés par les importants investissements publics dans l’éducation et éventuellement arrêter, reconduire ou augmenter les budgets de certains dispositifs. l

PÔLE EMPLOI DOIT-IL POURSUIVRE SON SERVICE DE PROSPECTION POUR LES ENTREPRISES ?

Alors que l’essentiel des politiques et des mesures de retour à l’emploi sont concentrées sur les chômeurs, Pôle Emploi a décidé de se tourner davantage vers les entreprises pour les accompagner dans leurs recrutements. L’évaluation scientifique de cette approche récente apporte des réponses précises sur ses effets sur le marché du travail.

En dépit de politiques plus ou moins volontaristes pour favoriser le retour à l’emploi des chômeurs, en particulier les plus en difficulté, force est de constater que la réussite est loin d’être au rendez-vous, en France. Malgré une inversion de sa courbe au dernier trimestre 2016, le taux de chômage tutoie toujours le seuil important des 10 %, à 9,8 % précisément. En réalité, les efforts sont essentiellement concentrés sur les demandeurs d’emploi, tandis que les processus de décision des recrutements des entreprises sont peu analysés par les pouvoirs publics. Pourtant, les coûts des embauches sont particulièrement élevés pour les employeurs, en termes financiers et de mobilisation des ressources humaines. C’est donc pour réduire ce prisme envers les chômeurs que Pôle Emploi – l’organisme public chargé de l’emploi – a décidé de déployer également des efforts auprès des entreprises.

AIDER LES ENTREPRISES À RECRUTER DES CANDIDATS ADÉQUATS
En 2015, Pôle Emploi a notamment lancé un nouveau service de prospection pour les entreprises, afin d’améliorer le placement de demandeurs d’emploi. Ce service a vocation à identifier des offres d’emplois, qui correspondent à des profils de chômeurs accompagnés dans des agences Pôle Emploi. Il a également pour but de proposer « la promotion mutualisée de profils » de candidats pour anticiper les besoins d’entreprises en phase de recrutement. Un troisième et dernier volet concerne « la promotion personnalisée

 

Les coûts des embauches sont particulièrement élevés pour les employeurs,
en termes financiers et de mobilisation des ressources humaines.

 de profils », qui consiste à mettre en valeur des profils de chômeurs les plus éloignés du marché du travail pour des métiers en tension, c’est-à-dire où les offres d’emplois sont supérieures aux candidats potentiels. Sur le plan pratique, des conseillers de Pôle Emploi contactent des entreprises – avec lesquelles ils sont déjà en relation ou pas – pour proposer un service d’accompagnement spécifiquement dédié en fonction de leurs besoins précis. Il faut dire que certaines d’entre elles ont beaucoup de mal à recruter des profils particuliers par manque de temps, de candidats ou tout simplement de compétences internes pour dénicher leurs futurs collaborateurs. Cette démarche proactive de Pôle Emploi vers les entreprises a fait l’objet d’une étude d’impact pour en connaître ses résultats.

IDENTIFIER DES ENTREPRISES POURVOYEUSES D’EMPLOIS
Les chercheurs ont puisé dans la multitude des données de Pôle Emploi. D’abord, ils ont analysé les perspectives de recrutement des 700 métiers différents du Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois (Rome), en les recoupant avec les listes des demandeurs d’emploi inscrits dans les 129 agences Pôle Emploi ayant participé à l’évaluation. Cette étape a été nécessaire pour calculer des scores de tension et d’écoulement sur chaque métier : « Ce calcul revient à déterminer une probabilité sur une durée pour un demandeur d’emploi de sortir des listes de Pôle Emploi pour chaque métier », explique Dylan Glover. Les chercheurs ont pu ainsi identifier des entreprises qui recrutent dans ces métiers basses tensions, c’est-à-dire où les offres sont inférieures au nombre de demandeurs d’emploi. « Ce travail nous a permis d’établir une liste de 16 000 entreprises que nous avons envoyée aux agences participantes, qui ont sélectionné la moitié d’entre elles », poursuit Dylan Glover. Au total, l’échantillon a regroupé 8 232 entreprises dont les effectifs sont compris entre 5 et 250 salariés. Néanmoins, 35 % d’entre elles ont été en contact avec Pôle Emploi et seulement 9 % ont posté des annonces sur le site de l’organisme public, durant l’année écoulée. À partir de l’échantillon, les chercheurs ont procédé à un tirage au sort, afin de le scinder en deux : un groupe test composé d’entreprises prospectées par Pôle Emploi et un groupe de contrôle dans lequel les entreprises ont la possibilité de contacter l’organisme public pour obtenir de l’assistance. Les résultats des deux groupes ont ensuite été analysés à l’aide de la base de données de Pôle Emploi, dans laquelle figure le flux des offres postées ou encore le nombre de contrats et de jours de travail créés. « Cette démarche scientifique rigoureuse permet de déceler un impact causal clair et sans biais de l’intervention de Pôle Emploi dans les entreprises », soutient Dylan Glover.

LE SERVICE DE PROSPECTION EST UN SUCCÈS INDÉNIABLE
L’évaluation du service de prospection des entreprises par Pôle Emploi fait apparaître des résultats probants, en apportant davantage de fluidité, en termes d’offre et de demande sur le marché du travail. En outre, ce service gratuit permet aux entreprises de réduire leurs coûts de recrutement, grâce à la hausse des mises en relation avec des candidats potentiels. Mieux encore : la prospection des besoins des entreprises augmente de 40 % le nombre d’annonces postées sur le site de Pôle Emploi. Cet effet positif se retrouve dans les créations d’emplois en CDI, qui ont progressé de 13 % dans le groupe test, par rapport au groupe de contrôle. Quant aux créations de jours de travail supplémentaires, elles bondissent de 80 jours en moyenne par entreprise ayant bénéficié de l’accompagnement de Pôle Emploi. Toutefois, les chercheurs ont décelé certaines subtilités dans les résultats : « Les effets sur les créations d’emplois sont principalement situées chez les entreprises déjà en contact avec Pôle Emploi. Par conséquent, le service de prospection représente un coup de pouce supplémentaire pour ces entreprises », affirme Dylan Glover, avant de conclure « Nous espérons que ce dispositif va continuer. Pôle Emploi a tout intérêt à poursuivre cette démarche ».