Les chercheurs, de la Chaire de sécurisation des parcours professionnels, analysent l’impact des 35h sur l’emploi.

 

Un tout récent rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale chargée d’évaluer l’impact des 35 heures conclut que « la réduction du temps de travail a constitué un outil pertinent et efficace de lutte contre le chômage ». S’agissant de la baisse de la durée du travail, principale composante des lois Aubry, les études scientifiques remettent en cause son impact positif sur la création d’emplois.

Les premières évaluations des lois Aubry (Vladimir Passeron [1], Alain Gubian et al. [2], Bruno Crépon et al. [3]) partaient du constat que l’emploi a crû plus vite dans les entreprises passées aux 35 heures que dans celles restées aux 39 heures. Elles aboutissaient à un surcroît d’emplois de 350 000, soit une augmentation de 6 % de l’emploi total pour une réduction de 10 % de la durée du travail.

Mais les lois Aubry mêlaient réduction du temps de travail et baisse du coût du travail par le biais d’allègements des cotisations sociales. Ces premières évaluations ne distinguaient pas ces deux composantes et ne pouvaient donc pas identifier clairement ce qui dans les gains d’emploi observés relevait d’une baisse du coût du travail ou d’une baisse de la durée du travail. Par ailleurs, à la suite de la loi « Aubry I » entre 1998 et 2000 les entreprises pouvaient librement choisir de passer ou pas aux 35 heures. Si les entreprises les plus productives sont passées aux 35 heures et les moins productives sont restées à 39 heures, ces études attribuent par erreur aux 35 heures des gains de productivité et des créations d’emploi qui sont en réalité dus aux caractéristiques des entreprises qui se sont auto-sélectionnées.

Pour pallier ces difficultés, les économistes travaillent de plus en plus comme des médecins ou des biologistes. Pour connaître l’effet d’une politique, ils évaluent ce qu’elle produit sur un groupe test, bénéficiant de la mesure, et sur un groupe témoin similaire n’en bénéficiant pas. Pour apprécier les effets propres de la réduction du temps de travail, il faut donc comparer un groupe d’entreprises ayant bénéficié de cette mesure avec un groupe d’entreprises similaires n’en ayant pas bénéficié, en s’assurant que les entreprises n’ont pas choisi de faire partie d’un groupe plutôt que l’autre. Les études de ce type portant sur l’Allemagne, le Québec et la France aboutissent toutes à la même conclusion : la réduction du temps de travail n’a aucun effet positif sur l’emploi.

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